Au-delàdesstatuts

Une personne im·migrante a des symptômes d'anxiété aiguë, et présente un état dépressif (sort peu, mange peu, s'isole...). Elle n’a pas accès aux services du CLSC et pas de sous pour aller au privé.

Lors de son évaluation sociale à Médecins du Monde, il apparaît clairement que son état mental est directement en lien avec sa situation sociale et migratoire :

• pas de possibilité de se projeter dans l'avenir car trop incertain

• sentiment d'inutilité

• devoir se cacher pour se protéger

• peur de se faire arrêter et déporter et d'être séparé·e de ses repères ou de revivre dans le pays d'origine

• isolement social

• exploitation par le travail…

Un père d'un enfant de 3 ans est toujours ému lorsqu'il parle avec lui  en ligne. Son cœur est brisé, car il n'a jamais eu la chance de  rencontrer son enfant en personne et de le tenir dans ses bras.

Une personne im·migrante est arrivée au Québec pour rejoindre son conjoint canadien dans le cadre d'un processus de parrainage, dans l'espoir de pouvoir vivre ensemble. Après quelques mois de vie commune, le conjoint soustrait à sa partenaires ses papiers d’identité, devient violent psychologiquement et physiquement.

Il la menace de retirer la demande de parrainage et de la faire déporter, si elle le dénonçait à la police. Malgré la crainte de perdre son statut d’immigration, elle décide de quitter son conjoint, afin de fuir ces violences et reprendre du pouvoir dans sa vie. 

Elle se retrouve alors en situation d'itinérance. Finalement, elle obtient l'aide d'un organisme communautaire et parvient à régulariser sa situation, mais elle reste dans l'incertitude quant à sa situation l'année prochaine.

Une personne trans nouvellement arrivée à Montréal envoie une demande au Directeur de l'état civil du Québec pour changer son nom et la mention de sexe sur ses documents officiels. Cette demande est cruciale pour cette personne afin qu'elle puisse se déplacer en sécurité en ville et s'inscrire à un cours de francisation auquel elle aurait droit sans craindre d'être mégenrée, c'est-à-dire, désignée par un genre qui ne correspond pas à son identité de genre, ou que son identité de genre soit divulguée.

Après quelques semaines, sa demande est renvoyée avec pour motif le non-respect des exigences nécessaires pour son traitement, notamment une année de résidence au Québec, la présence d'une pièce d'identité et la présentation d'un acte de naissance original. La personne en question ne peut pas fournir de document d'identité avec signature, car le seul document qu'elle possédait, son passeport, a été retiré par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et elle n'a aucune pièce d'identité du Québec ou du Canada. 

Il lui est également impossible d'obtenir un certificat de naissance de son pays d'origine, car elle n'y a plus de liens et vit en isolement social.

Une femme se présente à l'hôpital car elle est à 41 semaine de grossesse et doit se faire "déclencher", tel que l'indique le médecin qui a fait son suivi de grossesse dans une clinique privée. Comme il faut planifier la césarienne, ce soin n'est pas considéré comme une "urgence" aux yeux de l'hôpital et l'équipe refuse de planifier ce soin si la femme ne peut pas payer d'avance.

En plus du stress de savoir si elle et son bébé vont pouvoir se rendre à terme sain et sauf, elle subit des violences verbales de la part du personnel hospitalier (par exemple : "no money, no baby"). Après avoir fait plusieurs hôpitaux et passé des heures et des heures aux urgences et dans les services administratifs à expliquer sa situation, muni de son dossier médical, elle trouve enfin un médecin qui accepte de programmer sa césarienne et de prendre une entente de paiement avec elle. 

Comme les personnes im·migrantes sans couverture sont facturées à 200% du prix, elle sera facturée 18 000$, facture qu'elle mettra 10 ans à rembourser (sur une base de 150$ par mois)

Une personne originaire du Guatemala décide de se rendre au Québec pour y travailler dans le secteur agricole, dans l’espoir d’améliorer sa situation financière et d’aider sa famille, qui traverse une grave détresse économique depuis plusieurs mois. 

Afin de réaliser ce projet, elle vend toutes ses possessions et verse 10 000 $ à une agence qui lui promet de faciliter son arrivée au Québec. Engagée pour un contrat de 30 heures par semaine, cette personne se retrouve néanmoins à travailler plus de 70 heures. 

Malgré ces abus flagrants, elle peine à trouver la force et l’énergie de dénoncer sa situation, par crainte de perdre son emploi et d’être contrainte de retourner dans son pays d’origine.